La suite...
Un avion sorti des ténèbres
Une histoire qui commence de façon banale autour d’une table lors d’un repas de famille. Un beau frère, passionné d’aviation, raconte l’accident d’un avion tombé en 1943 dans le lac du Bourget. Cela suffit pour que nous remontions l’histoire, pendant plus de deux ans, pour finalement voir et toucher le légendaire Focke Wulf 58 C du lac du Bourget.
Marc et  Alain en pleine recherche
L’HISTOIRE
 
L’aéroport de Bron passe sous contrôle allemand dans la nuit du 26 au 27 novembre 1942. La base accueille alors l’école de radionavigation numéro 4 de la 3° Flotte Aérienne. Les jeunes élèves sont formés sur des Focke Wulf 58 C « Weihe » (=milan, l’oiseau rapace) pour devenir les opérateurs radios des escadres de bombardements de la Luftwaffe
 
Le FW 58 décolle de Bron à 13 heures 15, ce mardi 30 mars 1943 avec quatre hommes à bord. Il se dirige vers les Alpes et survole après 40 minutes la commune de Chindrieux et Châtillon avant de survoler le lac dans un axe nord sud. Lors du dernier jour d’enseignement d’un élève, la coutume était de faire un « rase motte » au dessus du lac afin de s’offrir un moment de détente. Bien que cette manœuvre soit interdite, le pilote instructeur, l’adjudant Ernst Chronz lança son avion. Pour une raison inconnue l’avion percute la surface de l’eau. Deux membres de l’équipage sont tués dans l’accident : le pilote, l’adjudant Ernst Chronz et un élève le caporal Kurt Becker. Le 2ème élève Rudolph Schiere et le radio le caporal Otto Steinbach seront miraculeusement arrachés de la noyade par des pêcheurs. Rappelons qu’en cette période de l’année l’eau est à 3° C. Un colonel allemand, prévenu par des militaires italiens viendra visiter les rescapés. L’état de choc et l’hypothermie ne permettant pas le transport immédiat des survivants, les Allemands demanderont à leur famille d’accueil de garder les prisonniers. Plus tard, le commandant allemand interviendra auprès des autorités compétentes pour faire libérer 4 prisonniers de guerre originaires de Conjux en remerciement des soins apportés à ses hommes par la population du village.
LA PLONGEE
 
Le rendez-vous est donné le samedi 2 octobre au matin au petit port de Chindrieux. Alain et Marc apportent les dernières retouches aux éléments de sécurité ainsi que les fixations des blocs que nous retrouverons aux paliers. Les trois plongeurs font une dernière vérification du déroulement de la plongée (run time). Chaque plongeurs sera équipé d’un bi dorsal, de deux bouteilles de décompression et d’un 3l d’argon pour éviter la perte de calories due à l’hélium. Par mesure de sécurité deux bouteilles d’O2 et cinq bouteilles de six litres de Nx 70 attendront sur le bateau. Arrivés sur le point théorique donné par les GPS d’Alain et de Marc, la ligne est mise à l’eau, équipée dans sa partie profonde de cinq lampes à éclats, disposées depuis le fond à intervalles de dix mètres. Lourds du poids de nos scaphandres, nous nous jetons enfin à l’eau, libérés par Archimède. Commence alors la longue, très longue descente. Nous changeons de gaz à 50 mètres et passons sur le mélange fond, cette fois ça y est le froid et le noir commencent à nous envahir. Vers 80 mètres nous distinguons nettement, quelques dizaines de mètres plus bas, le premier flash nous indiquant que le fond est proche. Nous le dépassons et apercevons péniblement le second : l’eau est moins claire que quelques mètres plus haut. La visibilité n’est plus que de trois ou quatre mètres. Le faisceau de nos puissants phares n’arrive pas à pénétrer l’obscurité. Marco, en tête, suit la corde qui repose maintenant sur la vase. Nous avançons difficilement. A ces profondeurs un essoufflement serait fatal. Subitement le bout de la corde nous apparaît, avec rien d’autre au bout que de la vase. Marco fait un tour d’horizon par la gauche. Soudain dans le faisceau de sa lampe apparaît une sorte d’étrave de bateau d’environ 70 cm de hauteur, sortant de la vase. Nous nous dirigeons dans cette direction et mettons un instant pour comprendre qu’il s’agit de l’aile de notre avion plantée dans la vase à la parfaite verticale ! Un coup d’œil sur nos manomètres : ils indiquent 160 bars : tout va bien.
Les discussions avant la plongée vont bon train. Le gars est un peu tendu...
RECHERCHE ET PREPARATION
 
Pour les plongeurs lacustres et tous les habitants du pourtour du lac du Bourget cet avion est un mystère, une légende. Pour une équipe de plongeurs passionnés d’épaves, cet avion s’apparente à la recherche du Graal : il faut absolument remonter sa trace. Internet et les archives de la presse locale vont nous proposer des pistes et des renseignements.
 
Alain Pinot nous fait la gentillesse de venir nous aider pour une recherche au sondeur dans la zone du lac où la profondeur est comprise entre 110 et 120 mètres, vers Conjux. Utilisant une méthode de quadrillage qui a fait ses preuves, Alain ne tarde pas à nous trouver un bel écho. Celui-ci se détache du fond d’environ 6 mètres. La profondeur est de 112 mètres ! Une plongée déraisonnable qu’il va falloir bien préparer. Jean-Pierre Imbert, avec qui quatre d’entre nous ont suivi les stages de plongeurs Trimix, suggère de descendre de dix mètres par an afin de se familiariser avec la profondeur. Progressivement nous atteignons la zone des 110-115 mètres. Les gaz sont testés avec succès, notamment l’ajout d’un trimix intermédiaire. Puis les procédures de lignes de décompressions avec l’accrochage de l’oxygène à 6 mètres sont validées. Nous irons plonger en mer sur des épaves profondes, comme sur le Dornier 24, le Heinkel 111, le Tirpitz ou encore le Torpilleur 207. Mais le problème des tables de décompressions reste entier. Jean-Pierre Imbert nous réalisera des tables spécifiques que nous testerons à plusieurs reprises. Marc Donzel réalise des examens Doppler lors des stages de Jean-Pierre. Il nous auscultera au sortir de l’eau de plusieurs plongées, nous rassurant sur l’absence totale de bulles. Des descentes en pleine eau ainsi que des procédures de sauvetage d’urgence en lac viendront finaliser la longue préparation de cette plongée d’exception.
REPAS DE FAMILLE
 
Lors d’un repas de famille, le beau frère de Jean-Marc, Benoît raconte cette histoire, lue dans le « Fana de l’Aviation » de mars 1995 et parle de l’association « Fahrenheit 32 » dont le but est de retrouver l’appareil et de le renflouer. A l’origine de cette association, trois passionnés qui ont entendu l’histoire de l’avion. Gamins, ils écoutaient le récit des pêcheurs professionnels du lac. Il s’agit de Alain Huck, journaliste caméraman et président de l’association, Jean-Paul Mestres, ex plongeur professionnel et Roger Pilloud, contremaître à la régie électrique de Tignes. Bien sûr, le lieu du naufrage n’est pas très précis et les témoignages ne concordent pas. L’aéronef n’a pas été remonté des fonds, il doit donc toujours s’y trouver, les eaux froides du lac permettant une conservation optimum des structures métalliques. L’association Fahrenheit 32 va débuter une campagne de recherche et de localisation de l’épave. La zone est prospectée à l’aide d’un sondeur se soldant par la découverte d’une anomalie à 115m en février 1988. La localisation sera confirmée ultérieurement de façon formelle par l’utilisation d’une technique d’échographie latérale.
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