août 2012
Plonger la face cachée des icebergs...
Après notre voyage en Sibérie, en mars 2011, où nous avions gouté à la plongée sous les glaces du lac Baïkal, nous voulions, Alex et moi, franchir un pas de plus pour satisfaire notre fascination de la plongée en eaux froides, notamment, l’idée de se laisser glisser le long de falaises verticales gelées commençait à germer dans nos esprits…
Il est un peu plus de 5 heures du mat’ et le verdict vient de tomber : l’employé du guichet d’embarquement de Roissy Charles de Gaulle a regardé nos bagages avec étonnement : c’est clair nous sommes chargés... surchargés même ! Et pas qu’un peu : 35 kilos d’excédent. Pourtant Vincent avait bien négocié avec les deux compagnies qui vont nous acheminer, nous et notre matériel, vers les terres gelées de notre destination. « Du calme !, lance-t-il avec sa nonchalance habituelle, je vais voir ce que je peux faire »… Une demi-heure plus tard, nous dégustons un petit café et des croissants : tout est en ordre ! Nous voici donc partis vers le nord. Nous ferons une escale d’une journée en Islande, le temps de visiter Reykjavík, la capitale, et de déguster les spécialités locales… du poisson bien sûr, fameux d’ailleurs ! La météo est conforme aux prévisions : temps humide, avec tout au long de la journée des éclaircies durant lesquelles, il fait presque chaud au soleil. Le lendemain, c’est le vol vers l’inconnu, ou du moins notre inconnu : nous quittons en quelque sorte la civilisation, c’est du moins ce que je pense…
 
L’Islande est pour moi le pays où les habitants ont eu le courage, la force et la détermination de mettre à la porte les politiques, banquiers et autres oiseaux de mauvais augure qui s’obstinaient à enfoncer le pays dans une crise sans précédent. Aujourd’hui, le pays va mieux, les habitants aussi et ça se voit ! J’y reviendrai, c’est sûr !
 
Comme à l’arrivée, nous survolons l’Islande, terres brulées, déchirées, parfois fumantes : étrange pays !
 
Avant d’arriver à Kulusuk, l’aéroport de la côté Est du Groenland, nous apercevons, ça et là, quelques blocs de glace flottant au gré des courants : notre destination approche… L’avion se pose enfin, sur une piste faite de terre : cette fois, on y est ! Les montagnes environnantes, sont pelées, sans herbe ou si peu. Autour de l’aéroport de l’eau bien sûr… et des blocs de glace énormes qui déambulent de ci, de là. La limpidité de l’air est impressionnante : pas de brume, une clarté incroyable qui rend les lointains tout proches ! Nous remarquons qu’il en est de même pour l’élément liquide : la transparence de l’eau est exceptionnelle. Les plongeurs que nous sommes, bouillent d’impatience. Il va falloir attendre encore un peu. Deux heures de bateau nous séparent du village de Tiniteqilaq qui nous servira de camp de base. C’est un Français, Michel, qui nous y conduit. Il y a une dizaine d’années, il est venu voir son frère, instituteur au village, qui s’est trouvé plus utile ici qu’en France. Michel, lui, voulait changer de vie et devenir photographe. Son premier reportage, il ne l’a pas encore terminé… Il a élu domicile ici et a épousé les coutumes locales, la vie des Inuits, au rythme des saisons : gel, dégel… les nuits très longues puis les jours sans fin !
Nous nous installons rapidement dans une maison chauffée… douceur du bout du monde ! Il nous faut ensuite déballer le compresseur, les blocs alu, les plombs et les baudriers que Sébastien et Vincent ont fait acheminer depuis Grenoble. Nous sommes huit et jamais de trop à nous relayer chaque jour au gonflage.
 
Rencontre
 
C’est au salon de la plongée 2011, que nous avons croisé Sébastien, ami plongeur que nous connaissons depuis quelques années pour avoir plongé ensemble sous terre et dans les différents lacs de notre région, les Alpes. Il est accompagnateur kayak pour différentes agences de voyage. Il avait dans l’idée de proposer un voyage axé sur la plongée le long d’icebergs, un jour à ses clients. Et c’est là que les histoires se croisent… Vincent avait tenté de monter ce genre d’expédition, il y a une dizaine d’années, mais faute de connaissance, de budget, le projet n’avait pas abouti. Dans le grand nord tout le monde se connait et dans la plongée c’est un peu la même chose… du coup Vincent et Sébastien ont mis en place cette première au sein de l’agence « Grand Nord Grand Large ». Les dates retenues sont fonction des conditions météorologiques optimales. Le créneau est étroit : nous partirons du 20 au 31 août ! Explorer le dessous des icebergs de l'immense fjord Sermilik sur la côte est du Groenland Est une première. Cet immense fjord mesure 120 kilomètres de long, 15 kilomètres de large et dépasse 1100 mètres de fond ! De gros blocs se détachent des sept glaciers géants qui descendent directement de la calotte polaire. Ils feront de nombreux allers-retours dans le fjord, au gré des marées, avant de regagner l’océan.
 
A chaque départ, comme pour chaque retour, les gestes sont bien réglés, les rôles de chacun bien définis : préparation du matériel individuel, séchage, acheminement des blocs 7 litres alu dans le bateau ou pour le gonflage. Ici, pas de quai, mais une descente glissante et des rochers qui ne demandent qu’à déchirer nos combinaisons étanches. Ne surtout rien laisser trainer la nuit car les jeunes chiens profitent abondamment de leur liberté. Dans quelques temps, ils seront dressés pour rejoindre la meute qui tirera, l’hiver, le traineau. Nous sommes en totale autonomie, personne n'a jamais plongé dans ces eaux transparentes et pourtant nos allers-retours n’inquiètent pas les villageois. Nous pensions, au contraire, qu’ils seraient curieux de savoir ce que nous découvririons à chaque plongée. Les Inuits vivent avec la mer, ils la respectent. C’est elle qui apporte la nourriture quotidienne, mais elle représente également le danger : un iceberg qui s’effondre ou qui se retourne sur un bateau et c’est la catastrophe. Seuls les enfants, curieux et insouciants, viennent assister à nos préparatifs et nous regardent enfiler nos drôles de combinaisons. Nous leur montrerons, au travers d’un petit film, les dessous des géants des glaces dans leur classe d’école.
 
La plongée
 
Nous sommes, bien sûr, tous excités à l’idée de voir ces monstres de glace de l’autre côté du miroir. La taille et le nombre des icebergs sont plus importants ici qu’ailleurs, sans doute parce que le nombre de glaciers est plus important qu’ailleurs. La calotte, en fondant, libère de l’eau qui coule sous les glaciers. Cette eau joue le rôle de lubrifiant et fait avancer les glaciers plus rapidement, donnant ainsi plus d’icebergs.
 
Nous choisissons celui le long duquel nous allons plonger avant chacun de nos départs : trop gros, pas assez gros, trop plat… et bien sûr sous l’eau l’étonnement est total !!! Des failles, des surplombs vertigineux, des formes à couper le souffle et des couleurs différentes à chaque mètre… L’eau est froide, très froide et malgré notre habitude de plonger dans les lacs alpins, à 4°C au fond, nous avons vite froid. En surface, l’eau frôle les 0°C, formant une fine couche de glace avant que le soleil ne la fasse fondre. Et dessous, l’eau de mer affiche sur nos profondimètres -1°C, sel oblige ! Après quarante minutes, il nous faut regagner la surface. Nos mains sont tellement engourdies que chacun a besoin de l’aide des autres membres du groupe pour remonter sur le bateau. Nous aurons la chance de plonger sept fois dans ces eaux cristallines et d’être, à chaque fois, émerveillés !
 
Le retour au camp de base se fait en navigant au milieu de ces géants de glace que le glacier rejette à la mer. Après le rituel des gonflages, nous revivons chaque soir notre journée, au travers de nos images, au sein de la maison chauffée. Notre matériel sera sec pour recommencer le lendemain en nous imprégnant de cette ambiance du bout du monde entre les jappements des chiens de traîneaux et les craquements permanents des icebergs, le tout parrainé par la charismatique calotte glaciaire visible depuis le village.
 
Mais chaque histoire a une fin. Il nous faut repartir. D’ailleurs en cette fin août, l’hiver commence à pointer son nez… Nous avons eu beaucoup de chance pour la météo : +10°C en journée et un soleil radieux. Pour notre départ, prévu au préalable en bateau, la mer se déchaine nous obligeant à faire demi-tour après plus d’une heure et demie de navigation : l’aéroport en vue, nous rebroussons chemin ! « Trop dangereux » nous dit Michel. C’est lui le boss sur l’eau… En ne prenant pas le vol qui nous était préalablement destiné, le retour se complique… Nous aurions pu être bloqués longtemps à Tiniteqilaq si l’hélicoptère n’avait pas pu venir nous chercher ! De là-haut, le paysage est encore plus beau…Une consolation bien onéreuse qui nous permet de nous rendre compte que dans ces contrées du bout du monde, la nature a vite fait de reprendre ses droits.
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