mars 2012
L’homme n’est, au premier abord, guère loquace. Un peu le genre «vieux loup de mer». Sauf que ses talents, c’est plutôt dans les eaux douces des lacs que l’explorateur suisse les exerce. Et plus particulièrement dans celles du Léman.
Agé de 68 ans, Gilbert Paillex y a, selon le terme consacré, inventé plus de 40 épaves. Son matériel: un ROV (ndlr. remotely operated vehicle) qu’il a conçu et un bateau qui lui sert de base: le Deep Eye 2. «J’ai toujours été attiré par l’eau et la navigation. J’ai même passé mon brevet de plongée en 1969. Je trouvais que c’était intéressant, mais les possibilités m’ont vite paru limitées...» D’autant qu’une autre passion le titille: l’archéologie. «Sous l’eau, les moyens humains sont vite dépassés par les contraintes du milieu. Or, le Léman descend à plus de 300 mètres. Explorer ce qu’il y a au fond demandait des moyens adaptés.»
 
Solution trouvée par Gilbert Paillex, concevoir son propre robot sous-marin. «Je m’y suis mis dans les années 70. Au départ, ce n’était qu’une caméra noir-blanc munie d’un projecteur. Petit à petit, je lui ai apporté des améliorations. Je n’ai jamais cessé de la développer.»
 
Son ROV est opérationnel depuis 1977. «Son premier engagement fut plutôt tragique. Il a consisté à aller repérer et récupérer à 110 mètres, au pied d’une falaise, les corps de deux plongeurs décédés sur l’Hirondelle, une épave qui repose entre 40 et 60 mètres.»
Mais bien vite, d’autres missions se dessinent. Dont la recherche d’objets engloutis. Un domaine où il va exceller.
 
A son tableau de chasse figure ce qu’on pourrait appeler le «Big Five» du Léman. Un Brick sans nom reposant par plus de 140 mètres, et quatre autres de ses «inventions» qui dorment à plus de 300 mètres: les wagons de chemin de fer de la ligne d’Italie, le yacht Némo, ainsi que les vapeurs Simplon et Rhône.
 
Tout récemment, celui-ci a beaucoup fait parler de lui. Les sous-marins Mir venus l’an dernier effectuer des recherches pour l’EPFL y ont régulièrement conduit diverses personnalités. Dont Bertrand Piccard, petit-fils de Jacques, et l’homme qui avait accompagné ce dernier dans la fosse des Mariannes: Don Walsh. «J’ai retrouvé cette épave en 1982, 99 ans après son naufrage dû à une collision avec un autre vapeur, le Cygne. L’accident s’est déroulé le 23 novembre 1883 entre Evian et Lausanne alors que les conditions étaient rudes. Lac démonté, vent furieux et visibilité nulle», raconte Gilbert Paillex. «Avant que mon robot ne le filme, le Rhône n’avait pour ainsi dire plus d’existence concrète. Quand nous sommes parvenus à remonter sa cloche, nous lui avons redonné une réalité.» Comment a-t-il localisé le navire? «Cela m’a demandé pas mal de temps», révèle-t-il sans trop entrer dans les détails. «Tout commence dans les bibliothèques et autres archives pour récolter l’information la plus précise possible. Ensuite, il s’agit de délimiter une zone et d’y aller…» Mais entre un quadrilatère dessiné sur une carte et les contraintes du lac - 582 km2, 89 milliards de mètres cube - il y a un monde... «Une fois sur l’eau, nous procédons à un quadrillage du fond par sondeur. Si un écho est repéré, nous envoyons le robot.»
 
Sur le «house boat» Deep Eye 2, l’espace est optimisé. Un générateur de courant, des centaines de mètres de câble, des échosondeurs, un treuil et un ordinateur permettant de voir en temps réel les images transmises par le ROV sont méticuleusement rangés à leur place.  «Le robot n’a que quelques mètres de mobilité propre. Ses propulseurs lui permettent d’avancer, de reculer, de tourner et s’incliner. Mais pas sur de grandes distances.» Un peu comme une marionnette suspendue le long d’un fil. «Je suis alors accompagné d’un pilote. L’approche d’un objet immergé se fait sous le vent, pour éviter que le robot s’accroche à l’objet immergé. Parfois on trouve ce qu’on cherche, parfois pas. Malgré toute la préparation possible, il y a toujours une part de chance.»
 
Quand on lui demande s’il reste des objets à découvrir au fond du lac, Gilbert Paillex hausse prudemment les sourcils. «Il y a toujours de nouvelles choses à trouver...» Lors de leur venue en Suisse, les Mirs ont ainsi découvert une nouvelle épave reposant par 220 mètres, au large de Vevey. Où, par la suite, Gilbert Paillex a été immerger son ROV. «Repérer une chose au fond du lac n’est pas tout. Parvenir à déterminer comment et pourquoi elle se trouve là, c’est une partie au moins aussi intéressante...»
Gilbert Paillex, l’explorateur du Léman
Détails des inventions de Gilbert Paillex : www.sub-rec.ch
De la recherche au renflouage
 
Doté à l’origine d’une formation commerciale, Gilbert Paillex ne semblait pas destiné à la carrière qui est la sienne aujourd’hui. «Pour tout ce qui est technique, j’ai appris sur le tas, en m’amusant à démonter les appareils cassés pour voir comment ils fonctionnaient.» Son robot, il l’a constamment amélioré depuis sa création. «Pour les choses pointues, j’ai fait appel à des techniciens. J’ai aussi assemblé des choses existantes. Certains autres éléments sont de mon cru...»
 
Une des utilisations de son ROV consiste notamment au renflouage d’épaves. Jusqu’à 100 kilos, il peut fixer un filin permettant de remonter au treuil ce qui se trouve au fond. Au-delà, et jusqu’à 500 voire 1000 kilos, le robot peut aussi accrocher un parachute gonflable à l’élément à remonter, par exemple des épaves de voiliers.
 
Dans un treillis, sous le submersible, est alors installé le parachute et, à côté, l’air comprimé destiné à le gonfler. «Le bras du robot permet de fixer le tout à l’épave. Ensuite, Archimède fait son œuvre», raconte le Suisse, qui s’est retrouvé à travailler ainsi aussi bien pour les privés que pour certaines compagnies d’assurance. «Au-delà d’une tonne, on emploie le radeau et son câble.»
A plusieurs reprises, il a aussi été fait appel à lui pour récupérer des corps.
 
Seule véritable limitation de son outil, «de par les matériaux utilisés, il ne peut travailler qu'en eau douce. Pas en mer.»
Texte : Nicolas Maury
L'article de PLONGEE MAGAZINE paru dans le numéro 43 de janvier 2012. Pour le voir cliquer sur l'image.
La barre du Rhône, reposant par 320 mètres de fond dans le Léman photographié sur l’écran de contrôle au moment de sa découverte. et à droite la figure de Proue et le beaupré du Rhône, reposant par 320 mètres de fond dans le Léman.
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