Parti des chantiers de Kiel le 15 janvier 1942, il fait route au nord pour sa première mission. Il s’agit d’un sous-marin de type XII-C. Seul le capitaine connait la destination : le nord des côtes norvégiennes. Hitler est persuadé que c’est ici que les alliés vont débarquer et ainsi couper l’Allemagne de ses approvisionnements en minerais de fer. Il patrouille de l’Islande à la Norvège, accoste à Stavanger, puis Bergen en Norvège. Le 28 Février 1942 le tableau de chasse est toujours vide. Le 21 mars, le commandant, le lieutenant Hans-Heinrich Giessler est rappelé par l’amiral Donitz et doit rejoindre le port de Saint-Nazaire, véritable forteresse de béton : 14 alvéoles pouvant contenir jusqu’à vingt sous-marins. Avec Brest, la Rochelle et Lorient, toutes tenues par les forces allemandes, elles constituent les bases sous-marinières de l’Atlantique. Le U-boot entre dans le port le 30 mars, sans avoir tiré une seule torpille. A ce moment de la guerre, l’Angleterre est ravitaillée en vivres et en soldats grâce à des navires lourdement chargés. Ils sont des proies faciles pour les sous-marins, qui se déplacent en meute, d’où leur surnom de loups gris. 6 mois que les Etats-Unis sont en guerre et déjà 500 navires coulés, c'est-à-dire 3 millions de tonnes ! Le U-455 prend part sur ce théâtre d’opération et coule le 3 mai 1942 son premier navire : le British Workman, 6994 tonnes au large de Cape Race, à Terre-Neuve au Canada. Mais c’est à son tour d’être attaqué, une semaine plus tard par un croiseur qui l’a repéré en surface. Il échappe aux 39 grenades et retourne à sa base. Sur le retour, le 11 juin 42, il coule un second navire de 13 900 tonnes, le Geo H. Jones au nord-est des Açores. Il arrive à Saint-Nazaire le 16 juin.
A terre les sous-mariniers bénéficient d’un traitement de faveur. Ils sont logés dans les hôtels de la Baule ou dans des camps à la campagne. Ils vont à la plage, aux cabarets, font du sport. Durant cette escale de deux mois, le sous marins est bien sûr entièrement révisé, repeint, réarmé. Sa prochaine mission est plus complexe en raison de l’évolution de la navigation des bateaux des forces alliés qui ne naviguent plus qu’en convois afin de se protéger. C’est ainsi que le sous-marin va passer des semaines à les observer sans pouvoir intervenir. Parti le 22 août, il rentrera le 28 octobre, soit un total de 68 jours en mer. En route, le lieutenant Hans-Heinrich Giessler apprend qu’il est papa, il vient d’avoir un fils. L’humeur n’est pas à la guerre. Le tableau de chasse est vide.