Septembre 2014
Pour les soldats allemands, l’arme sous-marine fut incontestablement la plus meurtrière de la seconde guerre mondiale : 30 000 des 40 000 sous-mariniers périrent en mer.
50 marins sont emprisonnés dans cette tombe de fer. Nous y pensons en arrivant sur la proue du navire. C’est là que le bout parfaitement tendu et droit depuis la surface nous amène. La longue descente dans ces eaux cristallines est impressionnante. Nous apercevons la masse sombre dès 70 mètres. Le haut de l’épave, l’étrave donc, se trouve à 90 mètres. Le U-boot est planté dans la vase à 45 degrés. Aucun courant. L’eau est particulièrement claire. Les anthias forment un écran en mouvement, un linceul. Dès que nos phares éclairent ces poissons, ils se dispersent. Le navire apparait, majestueux, recouvert de moules, parsemé de fils de pêche et de filets. Ici pas de couleurs flamboyantes, le cercueil est sombre, triste, gris. Le kiosque est intact. Les deux mitrailleuses pointent vers le ciel accompagnées par le périscope de surface et de l’antenne radio. Un enchevêtrement de filets, empêche de gratter la tôle à la recherche d’une peinture, d’un numéro. L’équipage des U-boote avait pour habitude de peindre un emblème à l’avant du kiosque afin de différencier les navires. Celui du U-455 est un bouclier jaune sur lequel est peint le bois d’un cerf de couleur rouge. Je m’éloigne de la carcasse afin de faire quelques images et pour profiter d’une vue d’ensemble. Alex, Stéphane et Mike mènent le ballet des lumières sur la coque. Magnifique ! Le sous-marin reprend des couleurs. Les gorgones s’illuminent. Les faisceaux virevoltent, chacun tente de voir un détail inconnu jusqu’alors, un indice. Nous faisons le tour du panier à salade et du jardin d’hiver. Mike et moi regardons plus bas. Le fond de sable n’est pas visible. Une sorte de couche d’eau sombre et opaque nous en empêche. Nous sommes déjà à 114 mètres. Lorenzo nous a dit qu’il n’y avait rien d’intéressant. Les hélices et la poupe du bateau, les gouvernails, tous ces morceaux de métal ont volé en éclats au moment de l’explosion. Il ne reste rien. Nous remontons vers les gouvernails de profondeur. Le spectacle est partout. Le sous-marin se détache dans le bleu clair de la surface. La visibilité est de l’ordre de 50 mètres en vertical. Un énorme chapon se cache sous le pont. Mike l’éclaire, il prend la fuite. Nous trainons quelques instants sur la proue mais il est grand temps de remonter. Nos ordinateurs nous indiquent que nous avons quitté la surface depuis 20 minutes. La lente remontée commence. Nous avons tous le même gaz dans nos recycleurs : de l’héliair 6/75, pour une narcose équivalente à l’air de 22 mètres. Alex et son Mégalodon sortiront dix minutes avant moi. Mike et Stéph, et leur rEvo, suivront de près. Au total 150 minutes dans l’eau et des images plein la tête.
Cette plongée-là n’est pas comme les autres. Ces sous-mariniers qui reposent ici étaient, avant tout, de jeunes hommes qui ont péris en mer. Leur mort a sans doute été atroce. L’arrière du bateau manque. On peut imaginer qu’après l’explosion, le sous-marin a rejoint le fond dans la position dans laquelle il se trouve aujourd’hui. On peut imaginer que de l’air a sans doute été emprisonné dans la partie avant du navire. Des marins s’y sont peut-être réfugiés ?
Toujours est-il que rare sont les épaves reposant dans cette position. Nous connaissions le Focke Wulf du lac du Bourget, nous avons aujourd’hui vu celle du U-455.
Ce sous-marin est le sujet d’un documentaire de 52 minutes, « U-455, le sous-marin disparu ». Réalisé par ZED production avec le soutien de l’ECPAD et d’ARTE et a été diffusé sur cette chaine. Il est disponible sur le site d’ARTE. Il a été récompensé au Festival mondial de l'image sous-marine à Marseille et a obtenu la Palme d'Or du Prix du Président de la République et le prix de la Ffessm .
Réalisateur : Stephane Begoin
Producteurs : Zed zootechnological documentaries
Caractéristique du U-455
Constructeur : Chantier Werke de Kiel
Lancé le 21 Juin 1941
Type : VII C
Déplacement : 769 tonnes en surface
Longueur : 67,1 m
Largeur : 6,2 m
Propulsion : 2 moteurs diesel 6 cylindres 4 temps de 3000 chevaux et 2 moteurs électriques de 560 kW
Vitesse: 17,7 nœuds en surface et 7,6 nœuds en immersion
Portée : 8500 miles nautiques, soit 15 700 km à 10 nœuds en surface et 80 milles marins, c'est-à-dire 150 km à 4 nœuds en immersion
Profondeur d’évolution : 230 m
Profondeur limite d’immersion : environ 300 mètres
Effectif : 44-52 officiers et matelots
Armement:
5 tubes lance-torpilles, quatre à la proue et un à la poupe,
14 torpilles ou 26 mines,
Deux mitrailleuses sur le pont.
La construction débute le 3 Septembre 1940 et se termine le 21 Juin 1941. Il prend la mer le 21 août 1941 commandé par le lieutenant Hans-Heinrich Giessler, avec à son bord un équipage de 51 soldats.
Il a d’abord été affecté à la 5ème flotille pour l’entraînement, puis transféré à la 7ème pour les opérations de début 1942 et enfin à la 29ème flottille en mars 1944. Il a réalisé dix patrouilles, a été membre de six meutes de loups gris. Il a coulé trois navires pour un total de 17,685 tonneaux de jauge brute.
Renseignements utiles :
Le club de Lorenzo Del Veneziano est situé sur le port de Gênes, dans la partie ouest. http://www.cstigullio.com/
Les restaurants italiens ne manquent pas, les prix sont particulièrement attractifs. Lorenzo a quelques bonnes adresses…
L’équipage des U-boote avait pour habitude de peindre un emblème à l’avant du kiosque afin de différencier les navires. Celui du U-455 est un bouclier jaune sur lequel est peint le bois d’un cerf de couleur rouge.
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