J4 - Jeudi 1er mai : Pour éviter d’avoir trop de plongeurs sur l’épave en même temps, les 3 palanquées partiront avec 5 minutes d’écart. La première posera le fil d’Ariane, les autres exploreront l’épave.
Arrivée à 65 mètres, la première palanquée, constituée de Jean-Marc et Marc, ne sont pas sur le sous-marin. Le bout continue de descendre et la gueuse repose sur le fond par 70 mètres. La visibilité n’excède pas 50 cm ! Ils réussissent cependant à trouver le C-3 malgré un fort courant. Ils prennent alors les premières photographies de ce sous-marin en particuliers celles du canon et de la cassure recouverte de filets.
J5 - Vendredi 2 mai : Nous décidons d’explorer la partie arrière du C-3 pour photographier les hélices. Nous avons préparé des trimix 16/40 (16% d’oxygène, 40% d’hélium) plus adaptés à la profondeur de 70 mètres, au cas où nous tomberions encore à côté de l’épave. La descente s’effectue dans un bleu profond avant de rencontrer de nouveau les phénomènes de particules à partir de 50 mètres. Puis de nouveau, à partir de 60 mètres, une « touille » soulevée par les courants de fond.
Cette plongée procurera des frayeurs aux 3 palanquées. Des filets de pêche, accrochés à l’épave et remontant du fond par leurs bouées, nous glacent le sang. Cette masse donne l’impression d’arriver sur l’épave mais lorsque la main s’y pose le filet s’enfonce mollement. Sensations étranges et ô combien désagréables. Le stress s’empare des plongeurs et, combiné à l’obscurité et à la profondeur, se transforme en malaise. Comme si ne n’était pas assez, le courant nous ramène dans les filets lorsque nous tentons de nous en éloigner.
Le peu de temps alloué au fond par nos procédures de décompression (15’ ou 20’), notre charge en équipement (bi bouteille de 12 litres, 2 bouteilles de décompression de 10 litres) et le courant ne nous permettent pas de faire le tour des filets et nous remontons bredouille de cette plongée.
J6 - Samedi 3 mai : Au port de Benalmadena, Antonio Checa, à l’origine de la découverte du C-3, se joint à nous pour participer à cette dernière plongée. Celui-ci a emporté pour l’occasion une caméra avec un ombilic de 100 mètres qu’il nous propose de descendre pour filmer le C-3. Nous larguons la gueuse sur la partie centrale de l’épave .Les conditions de visibilité sont similaires. La même procédure est employée, le fil d’Ariane est posé sur la ligne pour ensuite partir à la recherche de l’épave, face au courant et malgré les filets. Une fois sur l’épave, la progression se fat sur le pont, où nous croisons un congre de taille respectable. Déjà vingt minutes au fond, il faut rejoindre la gueuse et la ligne de décompression pour commencer la remontée, avec la satisfaction du devoir accompli.
Quel bilan tirer de ces 4 plongées sur une épave historique ?
- La surprise est venue du courant de fond permanent lié à la proximité du détroit de Gibraltar, et du manque de visibilité. La turbidité permanente s’explique sans doute par la position du C-3 dans l’axe de la vallée de Malaga, zone de ruissellement des eaux de pluie et des alluvions.
- La joie d’avoir pu trouver l’épave 3 fois sur quatre et de pouvoir en faire les premières images fait cependant oublier les désagréments. La découverte du canon et de la cassure recouverte de filets, les congres entraperçus dans les trous, nous ont apportés une véritable jubilation. A cela s’ajoute le plaisir d’avoir rempli notre mission : apporter des compléments d’informations et les premières images à Antonio Checa, l’inventeur de l’épave. Espérons que les projets de commémoration avec les descendants des disparus et le renflouage du C-3 puissent un jour se concrétiser.