En partant du port il est préférable de vider la vessie si on est pas équipé d'une purge pipi !!!
Jérôme préparant son rEvo.
La station de décompression avec la barre et les blocs d'O2
La déco :
Jérôme utilise un ordinateur, et donc les tables de secours de l’HS explorer, François l’ordinateur du recycleur Evolution et moi le VR3 et son algorithme Buhlmann Nous sortirons de l’eau dans un mouchoir de poche pour ce type de plongée : Jérôme tout d’abord en 135 minutes, François en 140 minutes et moi en 149 minutes. Nous commencerons nos paliers à la même profondeur, c'est-à-dire vers 75 mètres, François se détachera rapidement de nous pour aller faire ses paliers plus prêt de la surface. Jérôme et son HS Explorer lisseront la courbe restant toujours un peu plus bas que moi. Le VR3 se situe entre ces deux extrêmes. Arrivé vers 12 mètres, je ferais quelques rinçages me permettant de monter ma PPO2 à 1,6 bar. Une station de décompression avec une barre de paliers et deux S80 d’oxygène avaient été installées par nos deux plongeurs de soutien avant de nous rejoindre à 30 mètres. Guillaume NADAL et Fred Tummino étaient chargés de blocs de Nx 40 au cas où nous en aurions eu besoin. La combinaison étanche est bien sûr obligatoire pour ce type de plongée et permet de lutter contre le froid. Nous ne l’avons absolument pas senti. Pour ma part, j’ai gardé les sous vêtements et chaussettes que j’utilise habituellement en lac : l’Extrem plus de Weezle (http://www.weezle.co.uk) et tee-shirt Odlo. Les gants étanches, bien sûr, étaient de la partie.
La plongée :
Après l’arrêt rituel à 6 mètres pour contrôler le bon fonctionnement de nos cellules nous attaquons la descente, nous apercevons une masse sombre vers 50 mètres puis vers 80 la tourelle et le canon à l’avant de l’épave. Arrivé à la hauteur de cette tourelle, nous nous équilibrons, François et moi mettons en place nos appareils et leurs flashs et commençons la série d’images, Jérôme posant dans sa position parfaitement DIR : équilibre et éclairage parfait, comme sur une couverture de livre….. A cette profondeur l’héliox est fantastique car aucun signe de narcose ne vient troubler l’esprit. Le sentiment d’être en pleine possession de nos moyens et de pouvoir intervenir de façon calme et sereine, en cas de besoin, nous permet de profiter au mieux de ces moments rares. Il n’y a absolument pas de courant et la luminosité est suffisante. Je n’allume pas mon phare profitant ainsi de la superbe lumière que délivre le HID 24 watts DR de Jérôme.
Nous progressons ensuite vers l’arrière. Sur les bords de l’épave par bâbord surtout, il y a pas mal de gros câbles formant avec les restes de filets une sorte de linceul, dans lequel, rivé à mon viseur, j’ai bien failli me coller. Jérôme veillait fort heureusement. La cassure après la tourelle et son canon est franche et fait place à une grande place où on peux par endroit voir les calles. De nombreuses poutres métalliques se dressent de cette plateforme. Les poissons sont très nombreux et forment de véritables nuages. Les mostelles sont de tailles respectables et sortent de leur cachette pour venir à notre rencontre. Après avoir parcouru une quarantaine de mètres, nous arrivons à la grande cassure où une paroi verticale située à tribord se dresse, impressionnante. Le navire est couvert d’huîtres et par endroits les gorgones sont énormes, principalement à tribord. L’épave est baignée d’une atmosphère oppressante car l’eau est noire, laiteuse. Le sable alentour est différent de celui que l’on peut voir à Cavalaire ou autour du Dornier 24 ou encore du Heinkell 111. Là il ne renvoie pas la lumière du jour, il est trop sombre. Le bateau est imposant par sa masse, comme baigné de mystère. Les vingt minutes passent vite et il nous faut rejoindre le mouillage, sans oublier d’emporter avec nous quelques images supplémentaires de ce canon. Nous décollerons à 21 minutes et remonterons doucement vers notre premier palier. A 80 mètres nous croiserons nos deux compères en circuit ouvert.
Illustration : « Naufrages en Provence Corse et Ligurie, Fascicule N°20 : Epave déraisonnable » de Anne et Jean-Pierre Joncheray, Evelyne et Cédric Verdier » édité par les cahiers d’archéologie subaquatique.
Les instruments et leurs diférences. Ok, j'arrète de plonger avec un bras plus haut que l'autre!!
Pour ce type de plongée un autre élément est primordial, nécessaire et obligatoire: la purge pipi. Bien sûr on peut toujours se retenir mais elle permet de pouvoir s’hydrater abondamment avant la plongée. Nous n’avions pas prévu de le faire pendant et j’ai eu très soif surtout les trois dernier ¼ d’heure. La prochaine fois je serai plus prévoyant : en mer contrairement à nos lacs il n’est pas possible de boire le milieu ambiant…
Les bails out :
Jérôme utilise deux bails out de 10 litres en 300 bars : un TX 13/55 et un Tx 40/30. Pour ma part j’emmène deux S80 gonflés à 230 bars de Nx40 et pour le fond un Tx 12/55. François quant à lui amènera un S80 de TX 12/67 et un 6 litres de TX 14/37. Ces blocs nous permettent de remonter jusqu’à une trentaine de mètre où l’équipe de soutien nous attend. Dans le cas où nous aurions été contraint de remonter en pleine eaux (courant, problème de recycleur,…) le largage d’un parachute aurait permis à l’équipe de surface de nous repérer et d’envoyer un plongeur de soutien équipé d’un bloc de secours.
Historique de l’épave :
Nous savons que plusieurs équipes ont plongé sur cette épave : Philippe Peyrusse, Jean-Pierre Joncheray (http://www.cahiersarcheosub.org), Evelyne et Cédric Verdier, puis Aldo Ferrucci, Florent Locatelli (www.aquatiks.com), peut-être d’autres. Mais l’identification précise de cette épave reste incertaine.
Belain d’Esnambuc, (http://www.frenchlines.com/ship_fr_49.php), Bananier norvégien de 2950 tonneaux construit en 1939 à Sandefjord sous le nom de "Jasmin" pour la Jasmin Operating Compagnie de l’armement Anders Jahre. Le Gouvernement français l’achète sur cale et le confie en gérance à la CGT (Compagnie Générale Transatlantique). Il parvient au Havre le 18 février 1940, replié en Méditerranée en juin 1940, il effectue des voyages sur l’Algérie, le Maroc et les Antilles jusqu’à son désarmement. Remis à l’occupant le 16 décembre 1942 suite aux accords Laval-Kaufmann, il est intégré à la Kriegsmarine et transformé en mouilleur de mines à la Ciotat. Il devient le Pommern SG 7. Il en repart le 1er mai 1943 sous le nom de "Pommern" (SG12). Il est perdu par mine le 5 octobre 1943 au large de Rapallo d’après ce que l’on peut lire sur le net. Pour d’autres c’est le Nimet Allah magnifique yacht construit en 1934 et appartenant à Ismaïl Abbas Hadin, Kedive d’Egypte. Saisi au début 44 par les allemands à Monaco, il est transformé en patrouilleur et devient le U-J6073. Lors de manœuvres de diversion pendant le débarquement en Provence, il sera coulé vraisemblablement le 17 août 1944 par un Destroyer américain. Que vous soyez débutants ou confirmés, plongeurs air, Nitrox ou Trimix, amateurs d'épaves, de tombants ou encore de petits poissons ce site vous permettra de prolonger votre passion ... même loin de l'eau.